Les apprentissages

Les projets individuels ou collectifs des enfants, quels qu’ils soient, sont considérés comme points de départ des apprentissages.

Tout au long de la conduite du projet, l’enfant aura naturellement besoin d’approfondir des connaissances et compétences ou d’en acquérir de nouvelles. Il se tournera donc vers des référents (adultes ou enfants), des outils qu’il devra apprendre à maîtriser ou du matériel adapté, pour y parvenir. Les apprentissages spécifiques qu’il entreprendra logiquement durant la réalisation du projet prendront alors sens concrètement dans ce contexte.

Les enfants acquièrent ainsi les compétences et connaissances fixées dans le socle commun élaboré par le ministère de l'Education Nationale en menant à bien des projets dont ils sont les initiateurs et les acteurs. Autrement dit, c'est le programme et la progression qui s'adaptent à l'enfant dans le cadre d’une éducation globale, accordant une importance égale aux différents domaines éducatifs : intellectuels et artistiques, mais également physiques, manuels et sociaux. L'apprentissage de la vie sociale y est également considéré comme essentiel.

Les enfants de l’école progressent donc à leur rythme, notamment dans les 5 domaines de formation définis dans le socle commun de connaissances, de compétences et de culture :

• les langages pour penser et communiquer (langue française, langue anglaise, langages mathématiques, scientifiques et informatiques; langages des arts et du corps) ;
• les méthodes et outils pour apprendre ;
• la formation de la personne et du citoyen ;
• les systèmes naturels et les systèmes techniques ;
• les représentations du monde et l'activité humaine.

Mais pour mieux comprendre comment ça marche prenons un exemple concret d’apprentissages acquis lors de la conduite d’un projet individuel :

1. Un enfant est très motivé par les chevaliers et les bandes dessinés.

2. Dans le cadre de l’école, il souhaite travailler à la publication de ses bandes dessinées dont le héro est un jeune chevalier, sur un blog privé à destination de sa famille et de ses camarades.

3. Il réalisera alors qu'il a besoin d'acquérir des connaissances informatiques (domaine 1 du socle : langage informatique, domaine 2 : outils numériques pour échanger et communiquer) mais aussi rédactionnelles (orthographe, grammaire, conjugaison, vocabulaire, mise en page : domaine 1 du socle, langue française). Il aura également besoin d’acquérir des techniques graphiques particulières (domaine 1 du socle : langage des arts). Ses histoires auront pour toile de fond le moyen âge en France, il devra donc chercher des informations et apprendre sur cette période historique de notre pays (domaine 5 : les représentations du monde) pour la réalisation de ses dessins où la construction de l’intrigue.

4. L’enfant apprendra où chercher les informations et outils nécessaires à la réalisation du blog et pour organiser son travail (domaine 2 du socle : les méthodes et outils pour apprendre).

5. L'enseignant l'accompagne en lui proposant des outils, du matériel, des exercices ou entraînements qui l'aideront à mener à bien son projet. Des supports variés et puisés dans différents courants pédagogiques, afin qu’il puisse choisir celui qui lui convient le mieux pour atteindre son objectif. L’enfant a bien sûr également la possibilité de demander le soutien ou l’aide d’un ou de plusieurs autres enfants, d’un référent extérieur (contacter un auteur de bande dessiné ou un historien par exemple).

Prenons maintenant un exemple d’apprentissages acquis par la conduite d’un projet collectif coopératif : 

• 1. Quelques enfants de la classe proposent au groupe d’acheter un animal qui vivra à l’école et dont les enfants pourront prendre soin.
• 2. Il s’agit d’un projet collectif, dont ils devront discuter en conseil, il leur faudra argumenter, se mettre d’accord tout en réussissant à écouter et respecter des avis contraires (domaine 2 du socle : coopération et réalisation de projets, domaine 3 : expression de la sensibilité et des opinions, respect des autres), certainement voter (domaine 3 : formation de la personne et du citoyen).
• 3. La classe choisit finalement de se lancer dans ce projet et l’enseignant (garant de la sécurité des enfants de l’école) valide la proposition car elle n’est pas en contradiction avec les consignes de sécurité, ni le règlement intérieur de l’école. Cependant en tant que référent, il énonce des conditions respectueuses des valeurs de l’établissement : l’animal devra vivre dans un milieu parfaitement adapté pour lui, devra recevoir les soins et la nourriture dont il a besoin et ne pourra pas rester dans les locaux seul pendant les vacances.
• 4. Les enfants doivent donc s’organiser pour remplir un cahier des charges déterminé collectivement. Ils travaillent selon la démarche scientifique (domaine 4), par tâtonnement, recherches et expérimentations :
• Elaborer un comparatif des espèces envisageables par le groupe afin de pouvoir choisir un animal qui pourra s’adapter au milieu scolaire, donc référencer les modes de vie et besoins des animaux envisagés ( domaine 2 : démarche de recherches et de traitement de l’information, domaine 4 : responsabilités individuelles et collectives vis à vis de l’environnement mais aussi : évolution, diversité des espèces).
• Elaborer un budget prévisionnel afin de déterminer avec précision l’investissement nécessaire : aménagement de la classe ou de l’extérieur, habitat, nourriture… (domaine 1 : comprendre, s’exprimer en utilisant le langage mathématiques ----> situations-problèmes concrètes nécessitant la maîtrise d’opérations complexes).6. 
• Réfléchir si besoin à un mode de financement (ventes d’objets fabriqués, vente d’un journal…) ----> vers un autre projet pouvant mettre en oeuvre des compétences rédactionnelles, plastiques, technologiques… (domaine 4 : conception, création, réalisation).7. 
• Recherche de solutions pour garantir les soins pendant les vacances (domaine 1 : langue française s’il faut écrire une lettre aux familles, domaine 1 : langage mathématiques pour l’élaboration éventuelle d’un planning, domaine 4 : les systèmes techniques pour la conception d’un outil pour les roulements…)

6. En conseil, les enfants s’organisent et se partagent le travail. Ils recherchent des informations, acquièrent des méthodes de sélection de données et de répartition du travail, se responsabilisent et s’autonomisent tout en travaillant en coopération avec le groupe (domaine 2 : des méthodes et outils pour apprendre, coopération et réalisation de projets, domaine 3 : responsabilité, sens de l’engagement et de l’initiative).

7. L’aboutissement du projet (ou son réajustement en cas de difficultés) participe à l’évaluation concrète de la progression des acquisitions du groupe et de chacun.

Les compétences et connaissances du socle commun sont ainsi acquises progressivement, de projets en projets, à l’initiative de l’enfant. La répartition en niveaux ou années n’a donc plus aucun sens puisque l’enfant progresse à son rythme, acquérant au fil de ses projets et activités de son choix, les savoirs dont il a besoin. Les compétences et connaissances acquises sont référencés au regard du socle au fur et à mesure, dans un livret personnel et individuel (afin de permettre entre autre, un retour plus aisé dans une structure fonctionnant en niveaux).

Enfin, prenons un exemple d’apprentissages dans le cadre de projets “d’activités” :

Un enfant qui ne souhaite pas ou ne peut pas encore s’engager et se projeter dans des projets complexes acquière des compétences et connaissances en “faisant” grâce à l’utilisation d’objets, de matériel ou d’outils qui font appel à sa motivation ou suscitent son enthousiasme. C’est le cas du matériel élaboré par Maria Montessori dont l’utilisation libre et autonome permet à l’enfant d’acquérir des compétences respectueuses de ses périodes dites “sensibles”.

C’est le cas également pour la manipulation libre de différents outils (graphiques, techniques, autres) ou de matières dans des espaces où l’enfant peut expérimenter, manipuler et jouer autant qu’il en ressent le besoin.

Il peut également s’engager dans des projets dont il est toujours l’auteur et l’acteur (avec d’autres enfants s’il s’y sent prêt), plus ou moins complexes en fonction de sa motivation.

Planter des graines dans le potager (découverte du vivant, démarche scientifique), écrire un petit mot pour un membre de sa famille (graphisme, vers la lecture/écriture), réaliser un dessin à la peinture (motricité fine, découverte de la matière), un objet en bois (technologie, démarche scientifique), “lire” un livre à un copain (reconnaissance de lettres, sons, mots vers la lecture), apprendre une chanson (mémorisation, découverte de la langue), faire ses lacets (motricité fine), construire une tour la plus haute possible à deux (coopération, respect de l’autre) ou découper une feuille (maîtrise de l’outil ciseaux)… L’enseignant accompagne les envies et besoins sans jamais imposer d’activités, mais en référençant les acquisitions.